Abstract

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La Comédie humaine accorde moins de place au concept de production (propre au XIXe siècle) qu'à celui de richesse (caractéristique de l'âge classique), mais la portée de l'économie politique n'échappe pas à Balzac. Cette science est essentielle pour comprendre le fonctionnement du dispositif fictionnel. Le discours romanesque ne cesse en effet de souligner deux points cruciaux: la multiformité de la richesse et l'effort de l'individu pour maîtriser cette réalité protéiforme. Le mot multiformité est en réalité à prendre comme synonyme de duplicité, puisque le roman balzacien semble concevoir la richesse comme un champ traversé par une tension fondamentale: celle qui marque le rapport entre la terre et l'argent. Ces deux facteurs déterminants de la mimesis balzacienne entretiennent un rapport qui devient de plus en plus asymétrique et qui s'offre comme l'image réfractée d'une société et d'une économie en voie de mutation. Mais ce rapport complexe contribue surtout à construire une représentation capable de saisir les enjeux qui intéressent l'individu moderne. Étudiés simultanément, la terre et l'argent permettent ainsi d'expliciter le lien qui existe entre la forme de la richesse, ses destinations possibles et les enjeux de la liberté individuelle. C'est en se plaçant au point de contact entre deux formes de richesse que le roman balzacien parvient à raconter les mœurs contemporaines.

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