Abstract

Abstract:

Parmi les traits saillants de l’idiotisme critique du XIXe siècle, il en est un qui frappe par sa récurrence et la place emblématique qu’il s’est adjugée dans les discours journalistiques, et en particulier ceux qui concernent la littérature. Le Walter Scott français, le Gaboriau anglais ou le Gustave Aimard des jungles parisiennes sont autant d’exemples d’antonomases fonctionnalisées pour faire circuler des noms d’écrivains par adossement à des homologues locaux ou jugés plus universels. Peut-être à cause de leur accoutumante redondance, ces notations semblent restées recouvertes d’une sorte de voile d’évidence pour les spécialistes. Perçues comme de simples chevilles rhétoriques du discours, apparemment dénuées de fonctions, elles ont été lues sans être interrogées; et, si certains auteurs ont pu noter leur valeur significative, elles n’ont pas fait l’objet d’une étude plus approfondie.

À la façon d’une “micro-histoire discursive,” l’article s’attachera à objectiver les raisons, enjeux et conditions de la singulière fortune de cette figure qui, à partir de 1820, fait l’objet d’une véritable “tropomanie” dans le débat culturel dix-neuvièmiste, ce dont témoigne un large paratexte, de la presse aux préfaces. Une attention particulière sera portée sur les antonomases les plus récurrentes et les principaux usages du procédé pour le classement des œuvres et la discussion des auteurs. À ces fins, l’examen des antonomases métaphoriques et des auteurs-genres gagnera également à s’enquérir de leurs détournements dans la presse satirique (en particulier Le Charivari et Le Tintamarre), éclairage grossissant et réflexif qui achève de sanctionner la popularité toute dix-neuvièmiste de ce trope.

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