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  • Écrire en Europe. De Leibniz à Foscolo éd. by Nathalie Ferrand
  • Michael Mulryan (bio)
Écrire en Europe. De Leibniz à Foscolo, éd. Nathalie Ferrand
CNRS Éditions, 2019. 264pp. €25. ISBN 978-2-272-12598-9.

Dans l’introduction de ce recueil de dix études, l’éditrice note que l’une des affirmations générales de l’ensemble des contributions est « [q]ue le manuscrit de travail d’un écrivain constitue un espace expérimental, pour qui l’a écrit d’abord et pour qui doit l’interpréter ensuite en faisant converger vers lui diverses méthodes (paléographie, philologie, codicologie, génétique textuelle ...) » (7). Nathalie Ferrand a raison de le remarquer, car même s’il y a toute une gamme d’articles ici, dont la complexité et l’accessibilité varient selon les objectifs de chaque auteur, ce livre apporte beaucoup d’éclaircissements sur le travail de l’éditeur, voir l’interprète des manuscrits d’un quelconque auteur. Divisé en trois parties (« Études génétiques », « Bibliothèques annotées », « Destinée des papiers d’écrivains »), ce recueil est une véritable enquête policière de la richesse de la culture du manuscrit européen au siècle des Lumières. Les découvertes les plus importantes sont les suivantes: les manuscrits circulaient beaucoup, le plus souvent pour des textes que l’on ne pouvait pas publier impunément; les soidisant éditions critiques cachent souvent l’évolution réelle de la pensée d’un auteur, une évolution souvent dissimulée dû à des erreurs ou des choix suspects d’éditeurs; certains auteurs retravaillaient le même texte à plusieurs reprises ainsi produisant plusieurs versions du même texte; les annotations faites par les écrivains dans les livres de leurs propres bibliothèques dévoilent souvent la genèse de leur œuvre de manières préalablement inconnues.

Le premier article des « Études génétiques » de Guillaume Peureux, est sur le « manuscrit de Maastricht », un recueil de sonnets anonymes, phénomène rare du dix-septième siècle, comme l’explique l’auteur. Un « manuscrit de présentation » ou une version propre qui précédait de peu la publication, permet en l’étudiant de près d’apprendre comment on éditait la poésie à l’âge classique. Peureux fait une enquête minutieuse sur l’identité de l’auteur, qui était probablement protestant, et la fonction de la circulation d’un tel texte. En pédagogue, Peureux montre clairement comment on lisait la poésie en dehors de l’imprimé. Dans le deuxième article de Michel Fichant sur Leibniz se trouve une étude minutieuse et éclaircissante de l’état des lieux de l’édition intégrale de ce philosophe, édition encore inachevée. Le fonds Leibniz est unique, dans la mesure où on peut isoler les étapes précises de l’évolution de la pensée de l’écrivain, un fait qui expose les problèmes de certaines éditions de ses écrits, dont les éditeurs cherchaient à garder « un ensemble doctrinal unitaire » (62). Le prochain chapitre de Andrew Jainchill [End Page 472] sur les Considérations sur le gouvernement ancien et présent de la France (1737) du marquis d’Argenson (1694–1757) démontre également à quel point l’étude des manuscrits est essentielle pour une meilleure compréhension de certains ouvrages. D’Argenson, qui critique de plus en plus acerbement la monarchie dans chaque version successive de son texte, se montre un penseur plus radical que prévu. En effet, les versions imprimées de son traité ne paraissent pas de son vivant et omettent certaines des critiques les plus virulentes du système monarchique. Aussi faut-il étudier les manuscrits d’Argenson pour comprendre son originalité. Dans l’essai qui clôt cette partie du recueil, Chiara Piola Caselli partage une étude génétique de l’Essai sur les principes de littérature et sur une méthode d’institutions littéraires (1808), une étude qui resta inachevée à cause de la censure napoléonienne (Fuscolo y critique ouvertement la classe dirigeante); peu étudié, ce texte d’Ugo Foscolo (1778–1827) est important, parce qu’il révèle la pens...

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